Témoignage « Je m’appelle Molly »

Je m’appelle Molly, j’ai 26 ans, et j’ai passé une bonne partie de ma vie à ne pas aimer mon corps. J’ai grandis en côtoyant la violence physique, et ai fait la connaissance de la violence sexuelle à l’adolescence. Mon enveloppe corporelle était pour moi un fardeau, une source de douleurs et de complexes. Je la regardais avec beaucoup de mépris, l’astreignant à trop de lavages, de décapages, d’épilation et de sport pour atteindre un idéal de perfection complètement illusoire. Jusqu’au jour où, à 17 ans, je me suis retrouvée en box de soins intensifs, apeurée à l’idée de perdre la vie. De retour chez moi, face à mon rituel « balance-miroir », j’ai pris une claque. Mon corps était maigre, terne, fatigué. À partir de ce jour, j’ai laissé mon corps en paix… Puis, quelques années plus tard, un bébé s’est installé au creux de mon ventre. Un bébé a élu domicile dans mon corps à moi ! Quel cadeau ! J’ai appris à prendre soin de moi, pour que mon bébé ressente à quel point j’étais fière de le porter. Adieu diktats sur les kilos, la silhouette, la texture de la peau… Je me sentais belle, précieuse, honorée de porter la vie.Cette grossesse a été un moment où je me suis révélée dans ma vie de femme et ma féminité. Bien qu’elle ait laissé des traces, mon vente est un papier cadeau qui a abrité plusieurs miracles de la vie. Aujourd’hui, je porte la vie pour la 6ème fois. Bien que 3 de mes enfants sont célestes, j’ai la joie d’en avoir 2 auprès de moi, et d’en avoir un qui grandit sous mon cœur. J’ai vécu chaque grossesse, peu importe leur finalité, avec la même joie et le même état d’esprit : quelle grâce de porter la vie !J’ai appris à aimer mon corps et me sentir belle peu importe l’état de mon corps. Avec 10 kilos en plus, ou en moins, avec les marques du temps, ou de la maladie parfois. Mon enveloppe corporelle n’est plus une prison pour moi, mais un sujet de reconnaissance. Mon corps est merveilleux, il moule mes enfants, et il les met au monde. J’ai pris confiance en les capacités de mon corps grâce au sport, à la danse et à la maternité. Je suis d’ailleurs devenue modèle photo en cherchant désespérément à immortaliser ma première grossesse 3 jours avant de donner naissance à ma première fille ! S’en sont suivi shooting, avec mon corps post partum, qui m’ont appris à accepter mon corps dans tous ces états, et lui laisser le temps de récupérer des exploits qu’il réalise, tant dans la maternité que la convalescence, à l’opposé de la perfection photoshopée, et de toutes les images truquées que l’ont nous donne à consommer. Mon corps est beau, vivant, il fonctionne parfaitement, il est à moi, il est mon bien, comme un cadeau dont je peux jour chaque jour de ma vie. Il n’a pas besoin d’artifices, de modifications, parce que dans ce qu’il est, il est beau. Lorsque j’ai accouché de ma seconde fille à la maison, seule avec mon mari et ma grande, j’ai acquis une profonde confiance en moi, en ma nature de femme et en mon corps. J’ai pris une photo de mon ventre nouvellement vide chaque jour jusqu’à ce qu’il récupère sa forme initiale, et j’ai chéri ce moment de transition car il me permettait d’exprimer toute ma reconnaissance envers mon corps, si fabuleux, au fonctionnement complexe mais à la force insoupçonnée. Je n’ai pas peur de vieillir, car la beauté n’est pas l’apanage de la jeunesse, mais du regard qu’on porte d’abord sur soi-même.

Molly

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